Le géant des réseaux sociaux Meta a annoncé qu’il mettait un terme à son programme de vérification des faits (fact-checking) aux États-Unis, remplaçant ce processus par un système de notes communautaires.
Une décision controversée annoncée par Meta
Mardi 7 janvier 2025, Mark Zuckerberg, fondateur et PDG de Meta, a déclaré que le programme de fact-checking aux États-Unis serait supprimé. Le nouveau système adoptera le modèle des notes de contexte communautaires utilisé par le réseau social concurrent X, propriété d’Elon Musk. Selon Zuckerberg, cette nouvelle méthode vise à impliquer davantage la communauté dans la régulation des contenus, limitant ainsi ce qui était perçu comme une censure par certains utilisateurs, notamment parmi les républicains et partisans de Donald Trump.
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Cette annonce est jugée stratégique à quelques semaines de l’investiture du président américain élu. Pour beaucoup, il s’agit d’un mouvement visant à apaiser les tensions politiques plutôt qu’une amélioration véritable de la modération des contenus. Ross Burley, cofondateur du Centre for Information Resilience basé au Royaume-Uni, estime que ce virage pourrait augmenter la propagation de fausses informations et de contenus nocifs.
La réaction en France : Clara Chappaz assure qu’il n’y aura pas de changement pour l’instant
Clara Chappaz, ministre déléguée chargée de l’Intelligence artificielle et du Numérique en France, a rapidement pris la parole pour clarifier la situation sur le territoire français. Elle a confirmé avoir reçu des assurances de la branche française de Meta selon lesquelles ce changement ne concernerait pour l’instant que les États-Unis. Dans un message publié sur la plateforme X, elle a déclaré : « J’ai échangé avec la direction de Meta France ce soir qui m’assure que cette fonctionnalité ne sera déployée qu’aux États-Unis pour le moment ».
Chappaz a également réaffirmé son engagement à surveiller la situation de près et à garantir que toute modification respecte les régulations européennes, en particulier le Digital Service Act, qui impose des standards stricts en matière de régulation des plateformes numériques.
Les enjeux de la suppression du fact-checking pour lutter contre la désinformation
Le programme de fact-checking de Meta a été crucial dans la lutte contre la désinformation depuis sa mise en place. Les organisations de fact-checking, telles que l’AFP, PolitiFact et bien d’autres, travaillent en partenariat avec Meta et sont rémunérées pour vérifier et fournir du contenu contextuel et correctif lorsque des informations trompeuses circulent sur Facebook, Instagram et WhatsApp.
L’abandon de ce programme inquiète de nombreux spécialistes. Alexios Mantzarlis, chercheur au centre universitaire Cornell Tech de New York, souligne que confier la responsabilité de la vérification des faits aux utilisateurs non formés peut exacerber les biais partisans. En effet, les participants bénévoles peuvent accentuer leurs propres points de vue, rendant le système de notes communautaires potentiellement moins fiable et plus susceptible de manipulation.
En Europe, l’application du Digital Service Act devrait offrir un certain niveau de protection contre les dérives potentielles observées aux États-Unis. Ce règlement impose des obligations de transparence et de diligence raisonnable aux fournisseurs de services numériques afin d’assurer un environnement en ligne sûr et digne de confiance.
Néanmoins, Clara Chappaz reste vigilante quant aux décisions prises par Meta et leur possible extension à l’Europe. Les autorités françaises, en coordination avec l’Union européenne, devront continuer à scruter ces évolutions et adapter leurs réponses en conséquence pour préserver l’intégrité de l’information en ligne.