Aujourd’hui, Xbox ne met plus l’accent sur les consoles. De toute façon, quasiment tout ce qui est relié à Internet peut faire office de Xbox, comme le rappelait le constructeur en fin d’année dernière. Non, ce n’est pas magique, c’est grâce au Xbox Game Pass Ultimate qui permet de jouer en cloud gaming aux titres présents dans le catalogue, moyennant un abonnement. En clair, vous payez 14,99 € par mois (via Amazon, Cdiscount ou Fnac) et vous avez accès à des centaines de jeux, sans avoir à les payer plein pot, tant que vous restez abonné évidemment.
Une aubaine pour les joueurs qui passent de nombreuses heures derrière un écran, mais pas forcément pour les développeurs. Christopher Dring, journaliste anglais à la tête du très sérieux GamesIndustry.biz, s’est adonné au jeu de la foire aux questions sur le forum d’InstallBase et le sujet du Game Pass est venu sur le tapis. Selon ses informations, sortir un jeu sur le Game Pass réduirait énormément les ventes premium :
Nous avons appris que les jeux qui sont dans le Game Pass peuvent s’attendre à perdre environ 80 % de leurs ventes premium attendues sur Xbox. C’est le chiffre qui circule. C’est moins s’il s’agit d’une grosse sortie grand public, mais en général… regardez à quel point Hellblade 2 a été mal accueilli. Ou où Indiana Jones est arrivé. Ou même Starfield. Le Game Pass a clairement nui aux ventes de ces titres sur Xbox.
Avec 34 millions d’abonnés au Xbox Game Pass en début d’année dernière, les éditeurs et développeurs préfèrent désormais mettre en avant le chiffre de joueurs, mais clairement pas celui des ventes réelles. Logique : qui va aller débourser 79,99 € pour Indiana Jones et le Cercle Ancien sur Xbox Series X, alors qu’il suffit de payer 14,99 € pour y jouer via le GP Ultimate sur n’importe quel appareil pendant un mois ? Cependant, pour les jeux multiplateformes, cela a un intérêt, selon Christopher Dring :
S’il s’agit d’un jeu sur plusieurs plateformes, cela peut être bénéfique. Cette augmentation du nombre de joueurs sur une Xbox peut avoir un fort impact sur les ventes sur PlayStation, par exemple.
Nous en avons eu la preuve ces derniers mois avec Call of Duty: Black Ops 6, le premier opus lancé day one dans le Game Pass Ultimate sur P, Xbox One et Xbox Series X|S, qui est également disponible sur PS4 et PlayStation 5. Activision évoquait « la plus grande sortie de Call of Duty de tous les temps », même s’il n’a lâché aucun chiffre de ventes. Le cas de CoD: BO 6 est un peu particulier, car c’est un produit d’appel pour le Game Pass. Des joueurs Xbox vont s’abonner pour profiter du FPS et vont ensuite découvrir de nouveaux titres, ce qui est une vraie force pour le service d’abonnement de Microsoft :
Inciter les gens à jouer à votre jeu en 2024/2025 est tellement, tellement, tellement difficile. Et l’abonnement permet de mettre les jeux devant beaucoup de gens. Nous savons d’après les données qu’il y a beaucoup de gens qui ne jouent qu’à Call of Duty. Et si certaines de ces personnes décidaient de jouer à Call of Duty cette année via le Game Pass, et que ces mêmes personnes en profitaient pour jouer à d’autres jeux Game Pass, des jeux auxquels elles n’auraient pas joué autrement… il est difficile de dire que c’est une mauvaise chose.
Christopher Dring avoue ainsi être « partagé sur la question de l’abonnement », car le Game Pass nuit surtout aux développeurs indépendants :
Je pense que cela peut entraîner une perte de revenus, et des services comme celui-ci rendent la tâche plus difficile pour tout le monde. Essayez d’être un jeu indépendant sur Xbox en ce moment qui n’est pas sur Game Pass…
Certes, pas grand monde n’ira payer un jeu indé plein pot sur Xbox alors qu’une multitude d’excellents titres sont déjà disponibles dans le catalogue du Game Pass. Il convient également de noter que Christopher Dring parle ici du marché au Royaume-Uni, un peu différent de la France. Comme l’a souligné récemment The Guardian, 90 % des ventes de jeux neufs effectués outre-Manche étaient numériques. Le marché du physique est en chute libre au Royaume-Uni, laissant la porte grande ouverte pour des services d’abonnement comme le Game Pass. Bien sûr, cela remet sur le tapis le sujet de la conservation des jeux vidéo. Pour le Game Pass, un titre peut être retiré du catalogue et même acheter une version numérique n’assure pas de conserver son jeu ad vitam æternam. Alors, pour ou contre le Game Pass ?
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Clint008 Rédacteur – Testeur |