L’écosystème français des startups traverse une période turbulente avec des baisses notables dans les levées de fonds, même si un secteur particulier semble tirer son épingle du jeu : celui de l’intelligence artificielle.
Un environnement difficile pour les startups françaises
Les startups françaises semblent subir une véritable érosion des financements depuis plusieurs années. En 2024, elles ont levé 7,77 milliards d’euros au travers de 723 opérations. Cette somme marque une poursuite de la tendance descendante observée en 2023. En comparaison, elles avaient réussi à réunir 13,5 milliards d’euros en 2022. Une partie de cette chute peut être attribuée à l’environnement macroéconomique instable ainsi qu’aux incertitudes politiques, qui freinent les investisseurs.
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Franck Sebag, associé chez EY et auteur d’une étude récente, souligne que les petites levées de fonds (inférieures à 10 millions d’euros) et les très grosses levées (supérieures à 100 millions d’euros) sont en légère progression de 4 % chacune. Cependant, toutes les autres tranches de financement connaissent une baisse marquée. Les startups basées à Paris dominent toujours le podium avec cinq entreprises ayant obtenu des tours de table importants, notamment deux spécialisées dans l’intelligence artificielle (Poolside) et les technologies vertes (HysetCo).
La place grandissante de l’intelligence artificielle
Malgré le recul général des financements, l’intelligence artificielle tient un rôle de plus en plus prépondérant dans l’écosystème des startups françaises. En 2024, les spécialistes de l’IA ont levé près de 3 milliards d’euros, une hausse significative par rapport aux années précédentes. Ce domaine concentre donc une bonne partie des investissements réalisés dans le secteur technologique en France.
Paris se positionne comme un hub important pour l’IA en Europe, malgré une concurrence accentuée de la part des États-Unis et du Royaume-Uni. Aux États-Unis, ce secteur a récolté 38 milliards de dollars, représentant une augmentation de 52 % comparée à 2023. En Europe, la France et le Royaume-Uni se disputent la deuxième position après l’Allemagne, qui connaît une dynamique particulièrement positive.
Les fintechs et greentech également actives
Outre l’IA, les secteurs des fintechs et des technologies vertes montrent également des signes de résilience encore timide mais indéniable. Les fintechs, bien qu’elles aient été éclipsées par l’explosion de l’IA, ont attiré environ 840 millions d’euros, en hausse de 32 %. Ceci illustre un regain d’intérêt pour les solutions de finance numérique et celles des paiements innovants.
En revanche, les startups greentech ont vu une diminution de leurs financements de l’ordre de 29 %, atteignant 1,9 milliard d’euros pour l’année écoulée. Bien que ces chiffres soient en retrait par rapport aux résultats passés, le volume global des opérations a crû de 32 %, indiquant une diversification des projets soutenus. L’entreprise spécialisée dans les batteries, avec sa levée de fonds record de 850 millions d’euros en 2023, avait faussé les statistiques l’année dernière.
Comparaison internationale et opportunités à venir
S’il est vrai que la France demeure leader européenne derrière le Royaume-Uni et l’Allemagne en termes de levées de fonds pour les startups, elle doit faire face à une concurrence mondiale féroce, principalement des États-Unis. Ces derniers voient un environnement géopolitique favorable encourager les innovations de rupture, dont l’IA, la blockchain et les technologies spatiales.
Le rapport entre les zones géographiques montre que la Bretagne, les Pays de la Loire et la Normandie restent actifs mais représentent une portion minime des levées totales en France : 198 millions d’euros pour la Bretagne répartis sur 27 opérations, 203 millions d’euros pour les Pays de la Loire avec 20 opérations et 10 millions pour la Normandie à travers 6 opérations. Dans l’Ouest, c’est Rennes qui attire l’attention avec une impressionnante levée de fonds de 85 millions d’euros pour un projet lié au new space.
Sur fond de forte compétition, l’avenir des startups françaises semble incertain mais plein de potentiel. Il sera crucial de suivre l’évolution des différents secteurs pour comprendre comment chaque niche évolue et répondre aux défis posés par la dynamique globale des marchés financiers et des technologies émergentes.